L’enfer des vivants n’est pas un futur lointain; s’il existe, il est déjà parmi nous, se manifestant dans le quotidien que nous partageons. Cet enfer, nous le créons ensemble, dans nos interactions, dans nos indifférences, dans notre aveuglement collectif. Il existe deux voies pour ne pas en être consumé.
La première, la plus commune, consiste à accepter cet enfer, à se fondre en lui jusqu’à ne plus le percevoir. C’est une résignation silencieuse, une capitulation devant l’inhumanité qui nous entoure. Beaucoup choisissent ce chemin, se protégeant ainsi de la douleur en se rendant insensibles à la souffrance environnante.
La seconde voie est plus ardue, plus périlleuse. Elle demande une vigilance constante, une volonté d’apprendre et de discerner, jour après jour, ce qui, au milieu de cet enfer, ne l’est pas. Il s’agit de repérer les éclats de lumière, les fragments de beauté et d’humanité, et de les protéger, de leur donner un espace pour s’épanouir. Cette démarche exige du courage, car elle nous expose à la douleur, à la complexité du monde, mais elle est également porteuse d’espoir et de transformation.
En choisissant cette voie, nous devenons les gardiens de ces précieuses étincelles de vie. Nous apprenons à reconnaître et à chérir ces moments de grâce, ces rencontres qui nous rappellent notre capacité à aimer, à créer, à transcender la banalité du mal. Et, dans cet effort, nous tissons peu à peu un autre tissu social, fait de respect et de solidarité, contrebalançant l’obscurité ambiante.
Ainsi, au lieu de se laisser engloutir par l’enfer quotidien, nous construisons des oasis de paix et de sens, des refuges où l’humanité peut renaître et s’épanouir. C’est un chemin difficile, mais c’est le seul qui mène à une véritable libération, à une vie pleine et authentique. Dans cette quête, chaque geste de bonté, chaque acte de résistance contre la barbarie, devient une victoire éclatante, une preuve que l’enfer n’est pas tout-puissant, que l’espoir et la beauté peuvent encore fleurir, même au milieu des ténèbres. 🌟❤️
Written originally in French
©️Beatriz Esmer
