Il y a des instants dans la vie où l’on se surprend à courir après des choses éphémères — des rêves brillants mais fuyants, des regards qui ne se posent jamais, des succès qui glissent entre les doigts. On s’épuise à vouloir attraper ce qui ne veut pas être saisi, comme ces papillons qui dansent dans l’air, insaisissables et légers.

Mais un jour, au détour d’une pensée calme, une vérité douce s’impose : et si le secret n’était pas dans la chasse, mais dans l’accueil ? Et si, au lieu de courir, on s’arrêtait pour planter, pour nourrir, pour créer un espace où la beauté viendrait d’elle-même ?

Alors on commence à bâtir son jardin. Pas un jardin de fleurs seulement, mais un jardin de soi. On y sème la patience, on y arrose les silences, on taille les doutes et on laisse le soleil des petits gestes réchauffer la terre. On apprend à attendre, à écouter, à respirer.

Et lentement, sans bruit, les papillons arrivent. Non pas parce qu’on les a cherchés, mais parce qu’on a su créer un lieu où ils veulent se poser.

La vie devient alors moins une course qu’une invitation. Moins une conquête qu’un accueil. Et dans ce jardin intérieur, tout ce qui est vrai finit par éclore.

©️Beatriz Esmer