Il y a des jours où le silence des autres pèse plus lourd que les mots. Je me souviens d’un hiver — pas celui des saisons, mais celui du cœur. À cette époque, j’étais entourée de visages, mais aucun ne me regardait vraiment. Les sourires étaient mécaniques, les gestes vides. Et moi, je me débattais dans une mer d’indifférence glaciale.
C’est là que j’ai compris une vérité que les livres ne m’avaient jamais enseignée : Pour connaître la valeur de la générosité, il faut avoir souffert de la froide indifférence des autres. Ce n’est pas une maxime, c’est une cicatrice. Une empreinte que la vie laisse sur nous quand elle veut nous apprendre à tendre la main.
Un jour, alors que je croyais que personne ne voyait ma douleur, une femme m’a offert un café chaud et un regard sincère. Rien d’extraordinaire, mais tout était là : l’attention, la chaleur, l’humanité. Ce geste simple a fissuré la glace autour de moi. Et dans cette brèche, j’ai vu la lumière.
Depuis, je fais de mon mieux pour être cette lumière pour les autres. Je sais que parfois, un mot gentil peut sauver une journée. Une écoute peut réparer une âme. Et surtout, je sais que la générosité ne naît pas du confort, mais de la mémoire de la douleur.
Alors, quand je tends la main aujourd’hui, ce n’est pas par devoir. C’est parce que je me souviens. Je me souviens de ce que c’est que d’avoir froid au milieu des gens. Et je veux que personne n’ait à y rester trop longtemps. 🙏🏾❤️
©️ Beatriz Esmer
